Vers mi Janvier 2016 des citoyens du
village de Beni-Oukil relevant de la province de Fkih Ben Salah m’ont contacté
en tant que conseiller à la région Beni-Mellal Khénifra et en tant que
opérateur/spécialiste dans le domaine de l’environnement pour m’informer de la
présence d’un hangar renfermant des produits étranges qui pourraient menacer
leur santé et l’environnement dans lequel vivent. Ces citoyens ont décidé de me
contacter suite à un dangereux accident d’explosif survenu au niveau de la cité
des ferrailleurs à Fkih Ben Saleh fin
décembre dernier. Cet étonnant accident d’explosion d’un coffre fort, plein
d’explosif « mine », acheté par l’une des victimes, parmi une ruine
de fer réformée, a crée beaucoup de méfiance chez la population avoisinante,
qui témoigne avoir entendu l’explosion dudit coffre fort a une distance de 15
kilomètres. Cet accident d’explosion a fait couler beaucoup d’ancre et avait déchiqueté
quatre personnes, dont un père et son fils, en des centaines de morceaux. C’est
ce sentiment de peur, de fatalité et de perte de confiance dans tout ce qui est
corps étranger qui a poussé certaines personnes du village de Beni Oukil a
prendre contacte avec moi pour leur aider a trouver une réponse à leur
historique question relative a de multiples explosions qu’elles entendent de
temps a autre à l’intérieur d’un hangar se trouvant à une dizaine de mètres de
leurs résidences et d’autres part aux néfastes odeurs qui se dégagent
dudit hangar.
Les premières investigations que nous
avons menées, ont montré qu’il s’agit d’un hangar fermé à clé, très faiblement
sécurisé et d’une superficie d’environ 500 m² avec une hauteur de 6 mètre
implanté à l’intérieur d’une société ou centre déserté, sans aucune plaque
signalétique indiquant son identité (voir Figure 1).
Ce hangar est situé à l’intérieur du
village de Beni Oukil avoisinant la population rurale et un
établissement-collège d’enseignement secondaire. Sa toiture montre un trou
d’une dimension approximative de 3 x 3 m ; la cause de ce trou reste
inconnue jusqu’à présent, bien que les habitants l’attribuent aux explosions
qu’ils avaient entendues, particulièrement durant les étés précédents. A
l’intérieur de l’hangar se trouve un grand nombre d’unités d’emballages
métalliques et cartonnées de pesticides de différents volumes complètement
désordonnées, délaissées et vraisemblablement très anciens et qui remontent à
des dizaines d’années. Lesdits emballages sont éparpillés à l’intérieur du
hangar, les uns sur les autres, directement
au sol sans aucun revêtement et d’une façon qui donne l’impression qu’une force
intérieure les a dispersé. Les barils métalliques et cartons du bas sont vides
et très vieux et complètement troués à cause de la rouille ; alors que
ceux du haut sont toujours pleins de produits pesticides aussi bien liquides
que poudres (voir Figure 2)
Figure 2 : A/ Etat de dispersion des emballages, B/ Barils rouillés, son contenu a été absorbé
par le sol
Des centaines de
piégeons et de chats sont morts à l’intérieur du Hangar et des claires taches
huileuses d’infiltrations de poisons figurent sur diverses parties du mure de
l’hangar. Signalons également que certains puits à usage domestique sont
proches du site d’implantation de ce hangar (voir Figure 3).
Les produits stockés
dans ce hangar sont des produits pesticides obsolètes très dangereux qui
appartiennent à de diverses familles chimiques de pesticides ; ces
produits qui datent depuis une trentaine d’années sont périmés et dont une
grande partie n’est plus homologuée au Maroc, pour des raisons de forte
toxicité à l’environnement et de graves problèmes à la santé humaine. On note également la présence de déchets
associes ainsi que d’un grand nombre d’emballages contaminés et l’aspect
huileux du sol de l’hangar ce qui renseigne sur une réelle infiltration des
pesticides obsolètes dans le sol. Cette situation est aggravée par les pluies
qui passent à travers le grand trou de la toiture. La gestion de ce dangereux
cas de Beni Oukil et d’autres éventuels cas dans la région doit être faite par
des spécialistes du domaine de la toxicologie et d’une façon écologique et
rationnelle pour se débarrasser de ces pesticides indésirables et des
emballages vides et le sol de l’hangar imbibé de pesticide selon les normes
internationales dont le guide de la FAO. Un transvasement sur le lieu est à envisager
dans les quelques jours prochains suivie d’une
solution
définitive et durable.
Dr
Bouabid LBIDA
Conseiller à la Région de Benimella Khénifra